La COP28 débute aujourd’hui à Dubaï. Depuis trois mois, différentes organisations environnementales dressent des bilans de la situation. Il y a eu le Word Energy Outlook 2023 / WEO de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), le Global Stocktake / Bilan Mondial de la CCNUCC (Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques), le rapport United in Science 2023 coordonné par l’Organisation météorologique mondiale (OMM), etc. Tous sont assez alarmistes.
Dans State of Climate Action 2023, 6 organisations environnementales évaluent les progrès réalisés dans l’atteinte des objectifs de 2030. L’analyse porte sur 7 domaines : électricité, bâtiments, industrie, transports, forêts et terres, alimentation, agriculture.
Dans le secteur du bâtiment, on manque de données sur le taux annuel de rénovation énergétique et sur la quantité de constructions neuves bas carbone. En revanche, le monde est visiblement à côté de la plaque dans ces domaines :
Cependant, les auteurs se félicitent de « l’augmentation des réglementations sur les bâtiments, en particulier dans l’Union européenne ». La révision de la DPEB (directive sur la performance énergétique des bâtiments) laisse espérer un progrès. En effet, elle prévoit notamment une interdiction d’utiliser les combustibles fossiles pour le chauffage dans les bâtiments neufs et en cours de rénovation. De plus, les ventes de pompes à chaleur (PAC) augmentent fortement, y compris hors UE.
« Selon les trajectoires actuelles, les émissions provenant des bâtiments continueront d’augmenter ». En fait, la surface de plancher pourrait doubler d’ici à 2060. Cette augmentation se répercutera sur les besoins en chauffage et en climatisation. D’où une hausse des consommations d’énergie et des émissions de gaz à effet de serre (GES).
Bref, « des améliorations substantielles dans l’ensemble des bâtiments sont nécessaires pour atteindre l’objectif de l’Accord de Paris ». En raison de la grande diversité des bâtiments, les stratégies dépendront de la zone climatique et du type de construction. Néanmoins, la décarbonisation passera par 4 changements interdépendants :
Les auteurs distinguent les travaux de rénovation et la modernisation des appareils consommateurs d’énergie. Pour eux, la première étape consiste à améliorer l’isolation, à remplacer les systèmes de chauffage, etc. Ensuite, on installera des appareils électroménagers plus performants, des diodes électroluminescentes pour l’éclairage…
La modification de l’enveloppe du bâtiment, génère des coûts initiaux élevés. Toutefois, les conséquences positives valent l’investissement. De toute façon, « l’ensemble du parc immobilier devra être zéro carbone d’ici 2050 au plus tard ». Ceci implique un taux de rénovation de 2,5 % à 3,5 % par an des bâtiments existants, voire plus, contre moins de 1 % par an actuellement.
On peut améliorer l’efficacité énergétique, c’est-à-dire réduire la quantité d’énergie utilisée par mètre carré de surface de plancher. Le rapport liste des mesures accessibles. Il mentionne l’installation de fenêtres à double ou triple vitrage, l’isolation des toits et des murs, l’installation de volets, une ventilation adéquate, des dispositifs pour surveiller et réguler la température…
Pour atteindre l’objectif de 2030 en matière d’intensité énergétique de l’exploitation du bâtiment, il faudra une électrification généralisée, alimentée autant que possible par des sources d’énergie sans carbone. Enfin, l’intensité de carbone des activités du bâtiment, calculée en divisant le total des émissions de CO₂ provenant de la consommation d’énergie par la surface de plancher totale, dépend surtout du chauffage. Mais avec l’augmentation des températures, la climatisation prendra le relais.
« Bien que les progrès des indicateurs soient lents, certains signaux positifs apparaissent ». Nous pouvons encore être optimistes, nous rassurent les organisations. Les stratégies se traduiront en actions grâce à un certain nombre de conditions favorables :
Les normes minimales de performance énergétique sont des « instruments réglementaires importants ». De nombreux pays, ont adopté un DPE ou l’équivalent. En revanche, ils n’ont pas tous instauré une réglementation basée sur un niveau minimal de performance énergétique.
Il faut des « réglementations imposant des exigences minimales de performance énergétique en matière de rénovation et pour les bâtiments existants ». En ce sens, la France est un exemple à suivre. Dans l’UE, la DPEB et le plan REPoweurEU constituent aussi des présages positifs. Cependant, la question du soutien financier aux ménages reste primordiale pour « garantir une qualité de logement décente et des coûts énergétiques abordables ».
La Conférence des Parties sur les changements climatiques (COP28) se tient à Dubaï du 30 novembre au 12 décembre 2023. Le sujet des énergies fossiles, notamment dans le secteur du bâtiment, sera incontournable. Mais les ONG craignent que la présence des lobbys des énergies fossiles à ce sommet entrave les progrès en matière de transition écologique.